Les petites roues.

« Comme ça, tu as un amoureux? Félicitations! »

Ce, à quoi, depuis quelques semaines, je m’amuse à répondre: « j’ai dit que j’avais un chum, pas un amoureux! ».

Eie! Amoureux, moi? Ce mot sonne étrange dans ma bouche. Je ne sais pas encore si j’ai le droit de le proclamer à haute voix car, comme une gamine qui vient de dire un gros mot, je crains les répercussions. 

Oui, je souffre encore du syndrome du « pincez-moi quelqu’un ». Attention, le principal défi à relever durant mes recherches du monsieur, n’était pas de trouver la perle rare, mais principalement quelqu’un qui ne s’urine pas sur la jambe dès qu’il entend les mots : relation sérieuse. 

Finalement, j’ai trouvé un prince qui à tout d’abord été charmé, ce qui a eu pour effet de le rendre charmant. Un gars qui vit dans le présent sans se laisser influencer par son passé et qui est en parfait contrôle de sa vessie lorsque vient le temps de parler du futur. Il n’a rien d’un Christian Grey et ça tombe bien car je suis à des années lumières d’une vierge en manque d’attention. Mais pourtant, on a fini par s’attacher (blague de ligotage).

Il n’est pas tombé du ciel (heureusement! car techniquement ça serait traumatisant!) et il n’est pas non plus sorti de ma douche alors que je m’adonnais à l’activité très prisée de faire un numéro deux. Eh non, n’en déplaise à toutes les matantes de ce monde : ça ne m’est pas arrivé…

AU MOMENT OÙ JE M’EN ATTENDAIS LE MOINS.

Non, comme un popsicle en pleine canicule, rencontrer la bonne personne était rafraîchissant, souhaité et apprécié sans me geler le cerveau pour autant (il va adorer que je le compare à un popsicle). C’est la différence de vivre une relation à mon âge: on rêve du septième ciel tout en gardant les pieds sur terre et on aspire davantage à graver nos initiales devant un notaire plutôt que sur un tronc d’arbre.

Jeune, on « tombe » littéralement en amour: les genoux nous flanchent (la colonne aussi), on aime sans condition et notre mec devient notre unique dieu à qui on se donne littéralement en offrande. Je me souviens qu’il y a quinze ans, j’étais prête à aller habiter dans une tribu indonésienne qui vote libérale juste pour suivre mon Roméo. Aujourd’hui, je trouve le 450 un peu loin.

LBF popsicle 1De son bord, je sais que mon « mister freeze » me suivrait probablement au bout du monde si je lui demandais, en autant qu’il soit rentré au bureau le lundi matin. 

C’est comme ça. Plus on vieillit, plus on aime avec la raison. D’un côté, y’a ceux qui rêvent plus d’un patio que de passion et de l’autre, ceux qui cherchent désespérément le coup de foudre à tout prix, les fameux papillons qui finissent par s’envoler pour ne plus revenir.

(À noter qu’il est préférable de chercher des papillons plutôt que des bébittes! )

Avec les années, l’idée, erronée, que je me faisais du couple, ainsi que de mon idéal de mec, ont aussi évolué. Certes, j’ai dû faire quelques deuils, mais j’ai aussi acquis une certaine maturité amoureuse, dont je ne suis pas peu fière.

Par conséquent, je ne le vois pas dans ma soupe (juste dans mes céréales), je ne fais pas d’hyperventilation si je passe 24 heures sans avoir de ses nouvelles et je doute que j’aie des étincelles dans les yeux quand je parle de lui, mais pourtant, s’il m’offre des fleurs, je ne trouve pas ça quétaine, il m’arrive de compter les dodos avant de le revoir et quand il me dit qu’il aime être avec moi, ben je le crois, tout simplement.

Est-ce de l’amour? Ne me le demandez pas, ce n’est pas moi l’experte!

Une chose est certaine, alors qu’à vingt ans, je souhaitais rien de moins qu’un homme qui allait me rendre heureuse, désormais, je souhaite ne pas être malheureuse avec quelqu’un et si c’est le cas, ce n’est pas à cette personne que je vais en vouloir.

Maturité: 1       Vieux pattern: 0

Il y a plus de mauvaises raisons de vouloir être en couple que de bonnes, ce qui rend l’expérience plus ardue.

LBF crazy man

  • Ca fais-tu longtemps que t’es avec ton chum? C’est juste que je m’attendais à te voir en couple sur Facebook!

Oui, nous sommes un couple, après six mois la période d’essai est terminée. Non, nous ne sommes pas un couple facebookien. Ainsi, on s’évite l’orgie des;

  • « félicitations »
  • « vous le méritez tellement! »
  • « hein? Je pensais que t’étais lesbienne! ».

Non, on ne se like pas (on se dit « je t’aime » en vrai!) et on ne se partage surtout pas. 

LBF belle et le clochardNos brosses à dent ne se côtoient pas encore, mais nos enfants oui. Nous discutons projets, mais rien n’impliquant des signatures et il nous arrive de répondre « séparément » quand le serveur du resto nous jase facture.

Nous sommes tous les deux prudents et avec raisons. Retomber dans la dynamique du « couple » c’est comme décider d’enlever les petites roues sur son bécik et se demander si on maîtrise suffisamment son équilibre pour faire un bout de chemin sans se casser la gueule!

Encore pire si nous sommes deux sur la même bicyclette! Perso, je préfère que chacun contrôle sa bécane plutôt que de choisir le tandem.

Toc! toc! toc! Qui est là? L’espoir.

Bien que ça eu l’effet d’une bombe, je n’ai pas crié victoire au premier « je t’aime », l’histoire m’ayant habituée à des revirements plutôt inattendus en la matière. Disons que, pour l’instant, on s’apprivoise.

Ainsi, jour après jour, je me redécouvre en tant que blonde dans cette relation encore au stade du « chez-toi ou chez-moi? ». Dans mon individualité, j’apprends à penser « deux » et pour m’aider, je dois réviser régulièrement mes notes sur le bon fonctionnement d’un couple et ses rouages. 

Et quoi dire de tout ce nouveau vocabulaire à se réapproprier? Beaux-parents, belle-famille, l’utilisation du nous, du notre, des nos. Peu à peu l’expression mon chum devient plus familière à mes oreilles et surtout plus douce à mon coeur.

Je peux difficilement m’imaginer me bercer avec lui dans nos vieux jours, mais l’idée ne m’effraie pas pour autant. Quoi dire de plus? Je l’aime, il m’aime. 

Finalement, oui, j’ai un amoureux.

LBF 

LBF bicycle Butch Cassidy

Fin de la séance 46

2 réflexions sur “Les petites roues.

  1. C’est fascinent de voir comment l’amour romantique prend une si grande place dans votre vie. C’est pourtant une invention récente. J’ai vécu dans une région d’Afrique où ça n’existait pas encore. C’est pas possible comme vous seriez heureuse de vivre dans le petit village tchadien au nom merveilleux de Dildo (ça ne s’invente pas). Dans ce village les femmes ne pensent pas aux hommes, elles sont aux champs car il n’y a pas de Pizza Hut dans l’coin pour caller une pizza capable de nourrir les 35 enfants et les trois autres femmes que constitue le ménage.La réalité est totalement différentes là-bas. C’est quand même très divertissant de lire vos textes. J’adore.

    • J’avoue que l’idée d’habiter un endroit nommé Dildo ne m’a jamais effleuré l’esprit, mais maintenant que vous avez implanté cette option dans ma tête de madame, j’ai vérifié et le «Dildo le plus proche» se trouve à Terre-Neuve et Labrador. Un autre endroit où le romantisme ne s’est peut-être pas rendu, mais la polygamie et les Pizza Hut, si. ( On peut d’ailleurs difficilement imaginer l’un sans l’autre ). Sinon, je suis heureuse que mes textes vous divertissent, c’est pas mal le but espéré ( ça et devenir millionnaire avec mon blogue! ).

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