« On dirait que tu cherches toujours des bibittes! »
Vous vous reconnaissez? Pendant que vous étiez dans votre quête du monsieur ou de la madame, on vous a déjà balancé cette attaque déguisée en simple observation? Alors que vous passiez vos soirées, dans des cafés-sympas-où-on-serait-tranquilles, à rencontrer des prétendants, ils étaient trop ceci et pas assez cela?
Voir un truc qui cloche dès le départ chez un candidat n’est pas nécessairement un excès de zèle, il y a probablement une (bonne) raison pour que vous vous attardiez à des détails. Cependant, il y a de GROS détails comme: la distance, les enfants, son état matrimonial. Et des plus petits comme; il sape en mangeant, il collectionne les figurines Star Wars ou il affectionne la musique de Justin Bieber.
Puis, il y a l’entre-deux, ce que mon entourage appelait « les bibittes ». Les bibittes ce sont ces contrariétés qui nous font inconsciemment lever notre redflag. Vous savez, ces obstacles qui vont au-delà de l’agacement, sans être considérés comme des dissuasifs, je parlerais plutôt ici, d’une inquiétude.
Quand je parcourais les sites de rencontres, on m’avait fait la remarque que j’avais cette tendance à voir une ombre au tableau de chaque personne qui m’intéressait. Parfois, c’était un truc sur sa fiche qui m’avait fait sourciller et d’autre fois, une information qu’il avait échappée pendant un rendez-vous et que j’avais attrapée au vol.
Une fois, j’ai avoué à une amie éprouver un malaise pour un gars qui venait de me dire qu’il était en très mauvais terme avec son ex-femme et qu’il refusait même de la voir pour discuter de sujets concernant ses enfants. M’expliquant au passage qu’il était de nature jalouse depuis que celle-ci l’avait trompé.
J’expliquais à mon amie que cet aspect de sa vie me faisait peur et que je n’avais pas envie de dealer avec un homme jaloux et écorché par son ex! Pourtant, je me sentais comme si je lui avais dit que la couleur de ses yeux ne matchait pas avec mes coussins de sofa!
Elle m’a dit que si je m’arrêtais à des trucs comme ça, je resterais célibataire toute ma vie (big deal!), de donner la chance au coureur, que «je n’en savais rien», que j’extrapolais inutilement et que je devais arrêter de chercher des bibittes!
J’extrapolais peut-être, mais je considère la jalousie et les blessures ouvertes comme de fichues grosses bestioles! Ai-je la tête d’une exterminatrice? Je ne croirais pas.
« Y’avait celui qui habitait trop loin, l’autre sympathique, mais avec peu de disponibilité et maintenant lui, à qui tu reproches un passé non réglé! Coudonc, es-tu sûre que tu veux être en couple? »
Cherchez des bibittes, peut dénoter une forme de peur de l’engagement certes, mais cette mécanique peut aussi arriver alors qu’on a les deux pieds dans une relation! Et puis, on a le droit d’être difficile, non?
Toujours envisager le pire ou sinon nous sentir froissé par des comportements, qui, sous un oeil extérieur, semblent tout à fait banals, résulte davantage d’un mécanisme de défense pour protéger un coeur fragile qui a déjà eu son lot de mauvaises expériences plutôt que d’un simple caprice.
Si les prétendants ont un dénominateur commun avec notre ex ou s’ils démontrent des signes précurseurs qui nous rappellent des trahisons, des causes de conflits voire de ruptures, si… si… enfin, vous voyez le tableau?
Chacun d’entre nous possède sa collection de « si » et c’est avec eux qu’on développe, ce que monsieur Ivan Pavlov baptisa, il y a plus de 125 ans, un conditionnement classique. Vous savez ce fameux réflexe de Pavlov?
À partir de 1889, monsieur Pavlov montra que si l’on accoutumait un chien (Pavlov) à accompagner sa nourriture d’un signal sonore, ce dernier pouvait à la longue déclencher la salivation de l’animal sans être accompagné de nourriture.
Les réflexes conditionnels peuvent s’apparenter à une réaction involontaire, non innée, ces habitudes deviennent des réflexes lorsque le cerveau fait les liens entre cause et conséquence. -Wikipédia-
Dans le cas du chien Pavlov l’effet était positif: il anticipait une récompense, mais si pitou-Pavlov avait existé dans un monde où Tinder canin était le seul moyen de rencontrer une chienne de bonne famille, peut-être aurait-il développé un réflexe inverse?
Voici quelques exemples qui peuvent enclencher un conditionnement classique chez les bipèdes, le fameux son de cloche qui nous ramène à de vieilles blessures et qui peut même nous faire saliver (de rage?).
- Vous lui écrivez, il/elle voit votre message, mais vous ignore.
- Vous le/la textez, il/elle tarde à vous répondre.
- Il/elle annule un rendez-vous, une sortie, dernière minute.
- Il/elle va manger en ami avec une/un collègue.
- Il/elle ne veut pas se mettre en couple sur Facebook avec vous.
- Il/elle ne vous complimente presque jamais.
- Vous lui dites que vous l’aimez, il/elle prend quelques secondes à vous répondre « moi aussi »
- Alouette!
Si l’un de ces exemples vous plonge dans un inconfort indescriptible BINGO! Bienvenue dans le monde de Pavlov!
Alors, pourquoi certaines personnes acceptent-elles mal les fleurs et ont tendance à toujours attendre le pot? Parce qu’elles ne connaissent peut-être que ça? On dit que chat échaudé craint l’eau froide*, voilà.
*Oui, le proverbe dit bel et bien l’eau froide (et non l’eau chaude) ce qui signifie que nos peurs ont tendance à s’accroître selon nos expériences et devenir déraisonnables comme dans l’expression « J’ai peur du rejet, alors je ne vais jamais tenter d’être en couple! »
Et à tous ceux qui sont en relation avec une personne que vous savez fragile et au comportement parfois exagéré face à une situation que VOUS jugez anodine, il faut faire preuve de patience et d’empathie.
Que les bibittes soient dans notre tête ou dans celle de notre chum/blonde, la plupart du temps elles sont là pour une raison. Ne les laissez pas tourbillonner autour de vous jusqu’à ce qu’elles vous rendent fous (elles le feront)!
Il est vrai que de vivre armé d’une canette de Raid en permanence n’est pas souhaitable, mais apprenez plutôt à ne pas faire de raccourcis inutiles. Par exemple, si VOTRE conclusion des énoncés ci-haut se résume par : « cette personne ne m’aime pas, elle se fout de moi, je suis une merde, on va rompre c’est certain » vous êtes dû pour un reset du disque dur et une reprogrammation complète des circuits.
Se déconditionner?
Oui, c’est impossible même si laisser tomber la peur, le doute, arrêter d’appréhender ou de se créer des scénarios d’épouvantes et apprendre à faire confiance, représentent un défi titanesque pour un disciple de Pavlov. On veut y croire, mais une partie de nous en est incapable! Pour la simple et bonne raison que cette partie veut éviter qu’une situation blessante se reproduise pour une énième fois.
Il vous faudra, certes, plus que des bouchons pour les oreilles pour ne plus entendre cette cloche de Pavlov qui fait palpiter votre coeur. En fait, demandez-vous pourquoi? Pourquoi, les exemples mentionnés plus haut (ou d’autres?) vous rendent ainsi irritables? Anxieux? Tristes?
Se déconditionner, c’est réapprendre à notre cerveau à fonctionner différemment. Et à ceux et celles qui doutent de la difficulté que cela représente, je vous propose un exercice: essayer de hocher de la tête de droite à gauche en guise d’approbation et de haut en bas pour dire non et, que tout ceci se fasse naturellement.
On s’en reparlera!
En conclusion, nul doute qu’à la Saint-Valentin, madame Pavlov au simple son du « je t’aime » de son mari, a fait le lien et salivait d’enthousiasme en attendant son bouquet de roses, sa boite de chocolats et sa journée spa! Mais à passer ses journées à étudier son chien, monsieur Pavlov était probablement célibataire.
LBF ex-exterminatrice.
Fin de la séance 53