« Wow! T’as fait 36 heures d’avion pour voir une fille un seul weekend? »
Mon collègue de travail venait de me raconter comment il avait rencontré sa blonde il y a quelques années. En m’expliquant qu’à cette époque, le timing de la vie avait fait en sorte qu’un mois après leur coup de foudre, il était prévu qu’il quitte pour aller travailler à Tokyo… un an!
Leur début était parfait, alors lui et sa nouvelle flamme s’étaient dit qu’ils seraient assez forts pour « s’attendre » malgré la distance, la durée du voyage et les mini jupes des Japonaises.
Il m’expliquait ô combien ça avait été difficile et que bien que la fidélité n’était pas promise, mais que sous entendue, après cinq mois et mille heures de skype, mon collègue sentait qu’il n’allait peut-être pas « y arriver ». De l’autre côté de la terre, sa Juliette se nourrissait de doute dans l’assiette de l’ennui. Forcé d’avouer que lui et sa blonde avaient sous estimé la fragilité d’un coup de foudre. Et pis qu’un an, ben c’est quand même ben 365 soirs à dormir seuls.
Alors n’écoutant que son coeur, mon collègue a pris ses économies et est allé la rejoindre au Québec pour une visite (décisive) de 48 heures. Oui oui, 18 heures d’avion allez, 18 heures de retour et pleins d’escales pour aller redonner un peu de confiance à ce couple embryonnaire et faire ainsi démentir le dicton : loin des yeux, loin du coeur!
Il m’a dit : Je suis comme ça, un romantique!
Ce n’est pas du romantisme ça, c’est de l’amour, du risque, de la folie, on est loin de la fondue au chocolat un samedi soir!
Il me répond: En fait, j’avais pas le choix : j’allais la perdre tu comprends?
(et c’est là que toutes les filles s’exclament à l’unisson ONNNNN).
Même la grosse brute, allergique aux fleurs bleues que je suis, a été attendrie. En fait, j’étais tellement occupée à boire chaque mot de son récit que je n’avais pas remarqué que mon chum m’avait texté dix minutes plus tôt.
Je dis chum, mais en fait, on se fréquentait que depuis trois mois et notre relation ressemblait plutôt à « avec de la chance on devrait être encore ensemble la semaine prochaine ».
Tsé la magie des débuts!
Je lis son texto:
Ouin ben ça fait 10 minutes que j’attends, ça serait l’fun que tu me répondes! Bon, j’vais rentrer chez-nous d’abord!
Le chez-nous, c’était à l’extérieur de la ville, il devait se libérer pour 22h, alors je n’attendais pas de texto avant.
Il était 21h45.
À cause d’un changement à son horaire (que j’aurais dû avoir la décence de deviner?) il était en avance, mais que cela ne tienne, il était contrarié. Après tout, qu’est-ce que le Japon à comparer à Vaudreuil hein?
Ouin pendant que mon collègue, ce héros, me racontait son histoire digne des films de Reese Witherspoon, moi mon « prince » ne pouvait même pas attendre dix minutes pour moi !
Je sais qu’il ne faut pas comparer nos vies et des histoires d’amour à la sauce nippone, ce n’est pas tout le monde qui aura la chance d’en vivre une. Les contes de fée se font rares et ne sont pas éternels, certes, mais ils existent. Même si aujourd’hui, le prince et la princesse choisissent de plus en plus de vécurent heureux et de moins en moins d’avoir beaucoup d’enfants. Il n’en reste pas moins que l’amour demande de l’effort, des compromis et aussi du risque.
Mes amies ont toutes eu droit à leur petits contes de fée, vous savez une histoire un peu romanesque et particulière?
J’ai cette amie qui, débordée par sa maîtrise, a dû expliquer à un prétendant qu’elle n’avait pas le temps pour «s’occuper» d’un couple en ce moment. Mais lui, sous le charme de la belle brune, a décidé qu’il allait «l’attendre», car c’était ELLE et pas une autre! Deux ans plus tard (et probablement quelques aventures on ne se le cache pas) ils se sont retrouvés, parce que le temps était tout simplement arrivé pour eux.
Ils sont encore ensemble après 7 ans.
Il y a celle qui est tombé en amour avec un Français, ils se sont fréquenté trois mois puis il a dû retourner chez-lui. Ils se sont attendus, revus, ils ont nourri une relation à distance, il est revenu vivre au Québec avec elle, puis elle est repartie le rejoindre.
Toute cette histoire à malgré tout durée cinq ans. Non, ils ne se sont plus ensemble.
Finalement, il y a celle qui a vécu une belle histoire avec un grand A, mais qui s’est terminée abruptement avec un grand R pour rupture (causée par monsieur). Cette amie est retournée dans son patelin et deux ans plus tard, le monsieur en question a été transféré à cause de son boulot tout près de chez elle (hasard?) Il est entré en contact avec elle, ils se sont revus, ils sont retombés en amour.
Aujourd’hui, ils veulent des enfants.
Alors la prochaine fois qu’on me balance: tu espères encore un conte de fée? Sur un ton de condescendance et bien je n’hésiterai pas à répondre: Oui et après?
On a le droit de vouloir une histoire un peu magique. Elle n’est pas obligée d’impliquer un sacrifice humain, une traversée de désert à genoux ou 10000 air miles, comme dans le cas de mon ami du Japon! Naturellement, les débuts compliqués ne sont pas garants d’une histoire extraordinaire, mais j’aimerais juste un jour, pouvoir raconter une anecdote charmante ou cocasse concernant mon homme et entendre des:
« Wow! Ca c’est vraiment romantique, quelle belle histoire! »
Mettons que ça ferait changement des : « Quoi? Ca pas de bon sens, j’peux pas croire qu’il a fait ça! Quel cave! »
Ouin, moi aussi je veux mon conte de fée! En attendant, la grosse brute allergique aux fleurs bleues va aller se faire une fondue au chocolat.
Bonne St-Valentin à tous les amoureux, sans oublier ceux qui sont en couple aussi.
LBF
Fin de la séance 31
Ouin, pour ma part, j’ai juste droit à des « Quoi? Ca pas de bon sens, j’peux pas croire qu’il a fait ça! Quel cave! »