« Franchement, tu trouves pas qu’il est un peu trop jeune? »
Me balance un ami après que je lui ai dit, tout à fait innocemment, que je trouvais son collègue de travail sympathique et mignon. Oui, j’avais remarqué qu’il était jeune, en fait beaucoup plus que moi, mais je ne savais pas qu’on exigeait un âge minimal pour être charmant** et un âge maximal pour le dire?
** Oui, ça s’appelle la majorité.
Pourtant mon commentaire, qui a été pris pour de l’intérêt brut, a semblé étonner mon ami. Je me suis sentie du coup, jugée et surtout ben ben vieille. Il me dit à la blague : coudonc es-tu rendue une cougar?
Wow! S’il ne voulait pas m’insulter, c’était raté! Cougar? C’est pas cette femme pathétique en talon six pouces et au bronzage douteux, frôlant la cinquantaine, mais qui est persuadée qu’elle en a encore 20, qui fantasme sur les amis de son fils, qui fréquente les skates park habillée beaucoup trop pas-à-son-avantage en essayant d’attraper un «ti-jeune» avec une pognée de moulée de McDo dans le décolleté?
(Et le prix pour les préjugés est remis à… )
Mon ami me connaît, il sait que je n’ai jamais été attirée par la fougue de la jeunesse et il me taquinait bien entendu. Le terme cougar ( dont la définition varie ) se veut rarement flatteur. D’autant plus que je suis trop jeune pour hériter de ce titre que je laisse aux autres Madonna de ce monde!
Mais je suis bien forcée d’avouer que les hommes plus vieux sont souvent trop sérieux et certains ont malheureusement arrêté de rêver en même temps que leurs premières cotisations à leur REER. Ainsi, j’ai souvent fréquenté des gars de mon âge ou quelques années plus jeunes.
Et puis l’immaturité ce n’est pas une question d’âge ou de jeux vidéo, j’vous en passe un papier (ou une manette?). Il est vrai que je suis stimulée par la folie et un peu le côté je-m’en-contre-fiche des règles « morales » que nous impose la société. Certains appellent ça un bad boy, moi je préfère dire : non conformiste.
Dans la vie, je craque pour les hommes qui s’assument et qui osent et je croyais, à tort, qu’en vieillissant les hommes assumaient plus leurs choix et qui ils étaient. Alors qu’en fait, ce sont les jeunes qui osent, qui risquent la drague, peut-être parce que justement ils perçoivent la séduction comme un jeu plutôt qu’un mal nécessaire, peut-être aussi parce que leur ego n’a pas encore été trop maltraité par la vie?
Ce qui expliquerait pourquoi, j’ai souvent eu droit à des avances de gars nés après l’explosion de la navette Challenger. Pourtant, je ne squatte pas les sorties de cégeps et je ne fais rien d’autres qu’être moi-même : une fin trentenaire, sans REER, qui rêve encore.
Finalement, l’histoire a voulu que ce trop-jeune-pour-moi de collègue a su que je l’avais trouvé intéressant (je me demande bien qui avait vendu la mèche?) Et v’la tu pas qu’après une demande d’ami Facebook, puis une invitation pour une bière, je me suis ramassée un mercredi soir à discuter voyages, grève étudiante et littérature érotique autour d’un pichet avec un gars dont le sourire se voulait plus timide que séducteur.
Avant de partir de la maison, je m’étais dit que j’allais passer une excellente soirée et c’est exactement ce qui s’est produit! Bon, il avait cinq ans de moins que ce que je croyais et lui me donnait presque une décennie en moins (le coquin mythomane), mais les chiffres ici importaient peu.
Je savais bien qu’il ne faisait pas du recrutement pour trouver la mère de ses futurs enfants et ça tombait bien puisque je ne cherchais pas à m’ouvrir un compte-conjoint. J’essayais juste d’oublier ce texto baveux d’une amie alors que me je dirigeais vers mon rendez-vous :
« Attention, il est peut-être puceau!! » m’avait-elle écrit avec un abus d’émoticônes.
Je me souviens que le mot m’avait fait frémir! Quel turn off ! Et non, je n’alimente pas un fantasme d’offrir mon éducation sexuelle à un «élève». Dans mon lit, disons que j’exige un minimum de connaissances acquises et je ne donne ni notes, ni bulletins, ni punitions*
*sauf sur demande.
Pourtant, au fil de ma conversation avec ce, oui-trop-jeune-mais-ô-combien-attirant, je me suis même étonnée à me défendre d’avoir accepté son offre:
« Tsé j’veux pas que tu penses que j’suis une cougar » ai-je cru bon de lui préciser.
Le terme l’a fait rire.
Sérieusement, je ne voulais pas qu’il croit que j’étais cette matante cochonne qui veut jouer à touche-pipi avec un jeune fringant. Cette chasseuse de chair fraîche, cette sugar mammy en manque d’attention, cette pas-de-classe qui veut se faire croire qu’elle peut encore donner une érection à un étudiant pour ensuite se venter à ses collègues de bureau le lundi matin autour de la machine à café…
NON !!
(J’en profite au passage pour m’excuser si j’ai blessé des couguars du zoo de Granby avec mes propos.)
Je m’entendais me perdre dans mes explications de ce-que-je-n’étais-pas et lui, se contentait de sourire. C’est vrai que de l’extérieur la scène devait être plutôt amusante: je me comportais comme une proie qui ne voulait pas être perçue comme un prédateur, tout en s’excusant d’être tombée dans un piège ?!?
C’est alors que mon jeune chasseur de félin me ramena à l’ordre :
«Et toi est-ce que tu me juges? Pourtant, c’est moi qui a pris le risque de t’inviter et perso, je m’en fou de savoir ce que la société en pense, t’as accepté et c’est l’essentiel, non? »
Pour la maturité :
Gars-trop-jeune-pour-moi : 1 La bonne fille : 0
Il enchaîne:
« On est des adultes (lui, depuis pas si longtemps tout de même), tu me plais et je crois que c’est réciproque, that’s it. Le reste, je dois t’avouer que je-m’en-crisse pas mal »
C’était du chocolat pour mes oreilles.
Il était franc, beau et rebelle.
Il s’assumait et la matante cochonne a craqué.
Fin de la séance 25
À 30 ans on est pas encore une matante!
Cest ben cute et deculpabilisant ! Oui les jeunes sont bien moins coinces que nos peterpan qui ne sont capables de ni rien faire dexcellent ni rien dire dinteressant. Tiens toi ! Je pensais en prendre un plus vieux mais un plus jeune encore serait peut-etre une solution comme Jeannette Bertrand et plusieurs autres