Le syndrome Titanic.

« You jump, I jump, remember? »

La semaine passée, je me demandais s’il était possible d’amalgamer romantisme et coït, pour finalement en venir à la conclusion que c’était un duo aussi improbable que celui de Francis Cabrel et Lola Foxx. Puis, doucement, des images du film Titanic me sont revenues en tête.

Comme bien d’autres bonnes filles de ma génération, ce film a alimenté quelques fantasmes post adolescence, en déclenchant chez-moi un besoin de passion, de romance démesurée, mais aussi de frustration amoureuse.

Tout d’abord, parce que je m’identifiais èa cette Rose Dewitt Bukater : je n’étais ni riche, ni rousse, mais j’éprouvais le même mal de vivre. Cette impression de ne pas exister au côté d’un homme qui me tenait pour acquise et ce sentiment profond d’être transparente. Comme si, dans une pièce bondée de gens, j’aurais eu beau hurler, personne ne m’entendrait. 

Par conséquent, moi aussi je voulais trouver mon Jack Dawson, celui qui allait me sauver de tout et encore plus.

Un gars qui allait m’apprendre à danser de manière louche, à cracher comme un lama (on atteint un apogée de romantisme ici) et qui allait, en guise de préliminaire, faire mon autoportrait avant de m’inviter à une activité plutôt inusitée de nos jours : faire de la buée dans les vitres d’une Renault 1912.

Mais avec le recul, je me demande pourquoi diable cette scène m’émoustillait tant? On parle d’une baise dans un char là. On est loin du lit de pétale de rose et du massage aux huiles essentielles (pas si essentielles que ça à mon avis).

C’était romantique parce que pour Rose c’était sa première fois et que Jack c’était le bon gars » me rappelle une amie, qui a vécu avec moi son trip « My heart will go on ». 

Dix-sept ans plus tard, je réponds : Foutaise! Perdre sa virginité sur la banquette arrière d’une voiture avec un gars qu’on connaît depuis deux jours à peine, n’a rien de bien extraordinaire. Particulièrement lorsque, comme moi, t’as grandi dans d’Hochelaga-Maisonneuve!

LBF titanic Rose et Jack

Puis si ça se trouve, Titanic, c’était quand même bien juste un one night? Bon, je sais, c’était pas prévu ainsi, puisque y’en a un des deux tourtereaux qui meurt (je ne dis pas lequel, par respect pour les membres des tribus de Papouasie qui ne l’auraient pas encore vu). 

Parce que c’est ça en résumé Titanic : une petite bourgeoise qui se fait déflorer dans un char par un Irlandais qui ne trouve pas mieux pour lui faire comprendre que c’était juste un fucking one night que de se noyer devant elle (mes excuses au près des peuples Asmats, Danis et Sakkudeis pour avoir vendu le punch). Bon, c’est ce que vous vouliez, que je tue la magie? 

Considérez ça comme chose faite. 

Mais en 1997, avec toute ma naïveté et ma candeur, je croyais que la relation passionnelle que vivait Rose et Jack était à la portée de tous, même pour une jeune Hochelaguoise travaillant dans un fast food pour payer ses études en Lettres au cégep Bois de Boulogne.  

Mais où trouve-t-on un Jack? Étant plus cassée que la voix d’Éric Lapointe, je ne pouvais me payer le luxe d’une tragédie maritime, mais à chaque fois que je prenais un traversier, vous pouvez être sûr que je gardais les yeux ouverts! 

Je me souviens, du haut de mes vingt ans, avoir beaucoup fabulé en regardant les scènes d’amour au cinéma. Scènes qui portent d’ailleurs très bien leur nom car on y suggère, en effet, plus de l’amour que du sexe.  

LBF titanic main

C’est d’ailleurs à cause des films, qu’à l’époque, j’avais une perception plutôt erronée de la sexualité et par conséquent, je trouvais que mon lit manquait de « magie ». Normal, dans les films, tout était si beau.:

Main dans la main, yeux dans les yeux, ils s’échangent du love cachés sous une couverture, tout en s’offrant la fantaisie du missionnaire, car faut l’avouer, on nous présente rarement d’autres positions sur nos écrans.

Mais pourtant, je repense à Titanic.

Je revois la fameuse paume de main qui vient s’écraser contre la fenêtre de la voiture. L’angle de celle-ci, me laissant croire que Mademoiselle Bukater était probablement prise par derrière par monsieur Dawson.

Eh oui, je nourris le fantasme que Rose s’est fait ramasser la bourgeoisie en un solide doggy style «romantique». La fille de bonne famille passant ainsi de première classe à « plus de classe » pendant que Jack lui met du charbon dans la chaudière en lui enfonçant son iceberg irlandais jusqu’à lui en fendre la coque! Pour finalement, répandre tout son Irish Cream en inondant sa salle des machines et en beuglant : « Je suis le roi du monde!! ».

Car oui, ce soir-là, y’a pas juste le célèbre paquebot qui a coulé. 

Et là, j’ai tué la magie? 

LBF

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Fin de la séance 8

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