« Sérieux, t’as pas encore lu Fifty shades of Grey? »
De s’exclamer une amie qui, en utilisant le mot « encore », prétend que je le ferai dans un futur proche et m’accorde ainsi des intentions plutôt erronées. Pourtant, je n’ai rien contre l’écriture de madame E.L. James, mais je dois avouer que je ne comprends pas d’où vient cet engouement pour ce bouquin? Engouement réservé majoritairement aux femmes, avouons-le.
« Tu dois le lire ABSOLUMENT… tu vas voir, ça va te donner le goût de baiser! »
Ok parce que TOI tu as besoin d’une brique de 600 pages pour te convaincre que le sexe ce n’est pas juste une question d’hygiène! À entendre cette amie, ce livre est aussi nécessaire à ma vie que le botox, les I-Phones et l’application botox sur I-Phone.
J’ai donc décidé de me pencher un peu sur le sujet avec autant d’intérêt qu’offre un compte étudiant chez Desjardins. J’ai fait ce qu’on fait avant de choisir un film porno : je me suis tout d’abord intéressée à l’histoire:
Une relation entre une jeune diplômée en littérature (Ana) et un homme d’affaires (Christian Grey). Ce dernier l’intimide, mais à sa grande surprise, vient la voir au magasin où elle travaille, prétextant des achats.
Jusqu’ici, on dirait une quatrième de couverture d’un roman Arlequin.
À mesure que leur relation progresse, la jeune et innocente Ana est confrontée à un tout nouvel univers aux côtés du riche et mystérieux entrepreneur.
Ah oui! Naturellement monsieur Grey est jeune, séduisant et milliardaire, mais sa plus dangereuse qualité c’est d’être mystérieux. L’homme mystérieux est pour la femme ce que la femme bisexuelle est pour l’homme. Continuons:
Très attirée par lui, elle se verra rapidement devenir sa soumise. Pour cela un contrat va être rédigé pour permettre de définir les règles de ce jeu dangereux.
Sa soumise. Donc Ana est une genre de Cendrillon des temps modernes, probablement une bonne fille, qui va assouvir tous les désirs de son prince charmant dans un penthouse/donjon en guise de château. Finissons ce synopsis:
Christian a cependant une face sombre : il est adepte du sadomasochisme. La jeune femme doit alors décider si elle est prête ou non à entrer dans cet univers.
Je suis plutôt néophyte dans le domaine, mais on ne doit pas entrer dans l’univers du sadomasochisme (ou BDSM) comme on entre dans l’univers de Tim Burton mettons! Et je doute fort que le BDSM se limite à se déguiser en femme chat! Je comprends ici que pour Grey, la romance ne passe pas par un souper à la chandelle, à moins de lui brûler la cire de cette dernière sur le chest à la fin du repas!
-C’est de la soft porno, me confirme mon amie, semi excitée semi « je suis une gamine qui vient de découvrir les becs avec la langue ».
Je lis l’avertissement : Contient des scènes explicitement érotiques (grrr) mettant en vedette des éléments de pratiques sexuelles impliquant la servitude, la discipline et différentes déclinaisons du sadisme et du masochisme.
Ce que j’ai du mal à m’expliquer, c’est que des milliers de femmes (certaines féministes comme mon amie) s’identifient à cette Ana et alimentent ainsi un fantasme d’esclave sexuelle? Car, si ton chum magasine ses accessoires érotiques au Réno-dépôt, on ne parle plus d’une petite fantaisie là!
Attention, je ne suis pas en train de jouer à la vierge offensée! Pour ma part, la seule chose que j’accepte de fouetter dans mon lit, c’est de la crème et même encore là! Par contre, atteindre un orgasme grâce à la douleur, je suppose que ça prend plus de temps à maîtriser que la bicyclette! Ou du moins, tu dois garder tes petites roues longtemps…
Honnêtement, je ne crois pas que mon amie tripperait à se faire ligoter, menotter à un lit et devenir la poupée barbie de service de monsieur, aussi séduisant soit-il. Elle-même qui m’avait confié qu’elle détestait lorsque son chum la prenait par les cheveux (dans le feu de l’action j’imagine?) et qu’elle voyait ça comme un geste dégradant.
Oui, cette même amie qui revendique que les talons hauts et les bas jarretelles sont des symboles de soumission de la femme et qui s’offusque contre les publicités de yogourt. Cette même amie qui voit de la misogynie jusque dans les livres pour enfants!
Madame James qu’avez-vous fait de cette amie?
Avec votre ouvrage vous avez provoqué une véritable curiosité pour une pratique sexuelle où la femme accepte de servir de jouet pour ne pas déplaire à un homme. Ce n’est pas un reproche, mais je veux souligner votre exploit! Comme Madonna l’avait fait dans les années 80, vous contribuez, en quelque sorte, à une émancipation sexuelle de la femme moderne.
Vous avez créé une véritable bible érotique! Une religion pour laquelle je resterai athée, cependant.
L’évangile selon Grey.
« si on te fouette la fesse droite, présente la fesse gauche ».
Je sais que je parle d’un livre que je n’ai pas (encore!) lu. Je parle à travers mon chapeau ou plutôt à travers ma cagoule dotée d’une fermeture éclair! J’ignore ce qui arrive à cette pauvre Ana, mais entre bonne fille, je lui conseillerais d’arrêter de faire des choses contre son Grey.
LBF
Fin de la séance 6
LOL!!!! Bravo pour les délicieuses métaphores: encore!